Qui ne connaît pas la Renault 5 ? Petite citadine historique de la marque au losange, née en 1972 et vendue à plus de 5.5 millions d’exemplaires, elle a marqué une génération et continue de nos jours à susciter l’intérêt. Elle vient de fêter ses 50 ans, un bel âge pour cette jeune quinquagénaire qui mérite bien que l’on se penche sur sa longue carrière et ses nombreux modèles…
Le contexte de l’époque
C’est Gaston Juchet, le patron du style Renault dans les années 60-70 qui est à l’initiative du style de cette R5. En réalité, le vrai papa de cette petite Renault, c’est son assistant, Michel Boué soutenu par une autre figure importante du constructeur, Bernard Hamon, qui est devenu par la suite PDG du groupe Renault.
Dans un contexte bien particulier post-69 et face à une société en pleine évolution qui voyait le travail des femmes se développer, le marché automobile prenait un tournant qui n’a plus rien d’étonnant de nos jours : la généralisation d’une seconde (et souvent petite) voiture par foyer, en complément du véhicule familial. A cette époque, il existait plusieurs petits modèles comme la 4L, la 2CV, mais aucune ne se préoccupait réellement du style, qui passait largement après le côté utilitaire. Cette R5 avait donc pour mission d’être mignonne afin de plaire à la gent féminine, mais aussi de faire preuve de polyvalence et de confort.
Savez-vous d’où provient l’appellation R5 ? L’explication est simple : le « R » signifie bien entendu « Renault » et le « 5 » correspond tout simplement à la puissance fiscale de la version TL, les versions de base faisant seulement 4 chevaux fiscaux mais l’appellation « R4 » était déjà prise…

Des bases techniques de Renault 4
La compression des coûts n’est pas un mode de management récent. En témoigne cette R5 qui reprenait la plateforme de sa sœur, la bien connue 4L sortie en 1961, mais également les suspensions, les moteurs mais aussi et surtout le levier de vitesses situé sur la planche de bord, qui offrait un accès direct à la boîte. Le levier au plancher n’apparaîtra qu’en 1973 mais dans un premier temps seulement en option sur la finition TL. Le constat était le même au niveau de la carrosserie où le nombre limité de pièces traduisait une volonté non déguisée de réaliser des économies…
Le style et ses évolutions
Initialement, la petite française ne devait compter que deux portes. Une astuce stylistique censée donner un coup de jeune à cette voiture (qui n’a jamais rêvé d’un « coupé » ?) qui n’en manquait pourtant pas même en 5 portes. Et puis une 2-portes ne pouvait offrir la même polyvalence, le même côté pratique demandés par ses créateurs…
La version 2-portes avait l’avantage de se passer de poignée, ce qui permettait d’alléger sa ligne. Ses boucliers en polyester « armé » comme il était coutume de dire lui donnait de la personnalité, les versions GTL apparues en 1976 recevaient même des protections latérales, une touche de style inédite sur un véhicule européen des années 70.

Le style global de cette R5 joue dans la bonhommie, avec une ligne arrondie joviale qui lui conférait immédiatement une certaine sympathie. Vous connaissez quelqu’un qui n’aimait pas son look ?
La petite puce des villes profitait également d’un très pratique hayon ce qui était assez rare à cette période. Ajoutez à cela une banquette arrière rabattable et vous obteniez un volume de chargement de presque 900 litres contre les déjà très corrects 270 litres en configuration classique.
A l’intérieur, l’esprit jeune demeurait avec des sièges de la même couleur que la carrosserie sur les premiers modèles et une planche de bord relativement épurée recouverte de plastiques capitonnés, décorés de stries verticales. Le tableau de bord, quant à lui, se montrait simple avec un combiné d’instrumentation d’un seul bloc qui se composait du minimum vital…


Les motorisations
Sous cette plastique avenante, se cachait à l’origine un moteur assez classique et bien connu au sein de la gamme. On retrouvait ainsi le petit moteur de la R4, un 782 cm3 qui développait une puissance de 34 chevaux… Même avec un poids à vide d’environ 800 kg, ce petit bloc ne faisait pas de miracle mais se montrait à son aise en ville.
En 1977, la R5 recevait le bloc de la R6 : au programme, 845 cm3 et des performances à peine meilleures…
Si la version TL améliorait le niveau d’équipements et de présentation, elle ne recevait qu’un maigre moteur Cléon-Fonte de 956 cm3 qui développait 45 ch. Pour réellement prendre du plaisir au volant d’une R5 « grand public », il fallait s’orienter vers la version LS/TS forte de 64 ch et d’une cylindrée plus correcte de 1.3 litre.
Après soyons honnête, pour les vrais amateurs de sport, le salut n’est apparu qu’en 1976 avec la célèbre R5 Alpine équipée du vieux mais costaud Cléon-Fonte de 1.4 L et 93 ch. Cependant, elle souffrait d’un défaut qu’ont connu toutes les R5 : une prise de roulis trop prononcée…

Pour encore plus d’efficacité, la régie Renault a sorti en 1981 l’Alpine Turbo. Avec 110 ch sous le capot et un meilleur comportement routier, la bombinette française était enfin en mesure de concurrencer les meilleurs de la catégorie.

Un modèle qui aurait pu ne pas voir le jour tellement la R5 Turbo sortie en 1980 éclaboussait la concurrence avec son tonique 1.4 L Turbo de 160 ch situé en position central arrière. Avec son look bodybuildé, ses roues arrière motrices et son châssis au caractère joueur, la petite nerveuse de la gamme s’est rapidement fait une réputation chez les passionnés mais également grâce à ses succès en rallye.

Les R5 les plus exotiques
Savez-vous qu’une version électrique de la R5 a vu le jour en 1971 ? Seulement 7 exemplaires ont vu le jour avec une autonomie limitée mais c’était véritablement un modèle précurseur…
Aux Etats-Unis, la petite frenchie s’est d’abord fait connaître grâce à une version baptisée « Le Car » puis à travers un dérivé van, appelée simplement « le car van ». Un petit bout d’histoire américaine qui s’est soldé par plus de 120 000 exemplaires produits.
Curieusement, au Québec, « la cinq » a facilement rencontré son public, un marché où elle occupait au firmament de sa carrière près de la moitié des ventes de citadines.
Dans les Dom-Tom et dans certains pays orientaux, une version 4-portes avec malle fut commercialisée, pendant de très nombreuses années.




La cote aujourd’hui
Si la bouillonnante R5 Turbo peut sans problème se négocier à près de 100 000 €, une version plus courante en bon état, peut se trouver aux alentours de 6000 à 7000 €. C’est donc une excellente affaire pour un collectionneur amoureux du modèle !
Les très recherchées Alpine (atmo et turbo) voient leur cote augmenter de façon régulière… Actuellement, comptez au minimum 12 000 € pour un beau modèle atmosphérique et jusqu’à 18 000 € pour un exemplaire turbocompressé bien entretenu.
En conclusion
50 ans, voilà un anniversaire à fêter dignement. Mais l’histoire de la petite R5 n’est pas terminée. L’actuel PDG de Renault, Luca de Meo, a annoncé le retour du célèbre modèle français dans une version 100 % électrique et doté d’un design contemporain. De quoi perpétuer un modèle emblématique qui avait déjà connu une succession à travers la Supercinq, qui pour beaucoup n’avait pas le charme de sa devancière…