Alors que la Russie a décidé d’envahir l’Ukraine sur décision de son dirigeant Vladimir Poutine, la France ainsi que plusieurs alliés européens ont envoyé des militaires aux frontières du pays.
Outre des rafales, plusieurs Ford Ranger de l’armée de terre française ont fait le voyage pour dissuader l’armée russe de continuer sa « progression ». L’occasion de parler ou reparler d’un autre véhicule qui aurait pu faire partie de l’expédition : le Dacia Duster 4×4 spécial armée de terre.
Le remplacement du vieillissant Peugeot P4
En 2015, le haut commandement de l’armée cherchait un véhicule tout-terrain pour remplacer le célèbre mais vieillissant Peugeot P4 dont les premiers modèles mis en circulation dataient de 1984.
Plusieurs constructeurs ont effectué des propositions comme Ford avec le pick-up Ranger, Peugeot avec le 3008 hybrid-4, Citroën avec une version 4×4 du Berlingo et Dacia avec son Duster à 4 roues motrices. Le choix ne s’est pas porté sur le Peugeot 3008, ayant seulement des aptitudes de tout-chemin, ni sur l’utilitaire Berlingo qui avait pourtant passé tous les tests avec succès.
Finalement, c’est le Ford Ranger, un 4×4 pur et dur, qui fut choisi en tant que véhicule léger tout-terrain devant le Duster qui avait pourtant de véritables qualités…


Un Duster spécial préparé au combat
Renault ne disposait pas de modèles tout-terrain dans sa gamme en 2015. C’est la raison pour laquelle la marque française s’est décidée à proposer le Duster pour renouveler la flotte de véhicules de l’armée. En réalité, si c’est Renault/Dacia qui fournissait les véhicules, ils ne devenaient réellement opérationnels qu’après être passés dans les ateliers de Poclain près de Sochaux.
Le Duster « made in Poclain » présentait de vrais arguments parmi lesquels un système de motricité renforcé. Avec un différentiel à glissement limité sur l’axe avant (en lieu et place du différentiel simple monté d’origine), des soubassements de protection sous le moteur ainsi que sous la boîte de vitesse et l’essieu arrière, de suspensions surélevées d’environ 30 cm, de pneus tout-terrain, le Duster se transformait en un véritable baroudeur.

Le différentiel à glissement limité avait pour principal intérêt de transférer jusqu’à 25% du couple moteur à la roue qui a la meilleure adhérence et donc 75 % à celle qui en manquait.
Le gain obtenu au niveau de la garde au sol permettait des angles d’attaque et de fuite plus importants, facilitant les franchissements les plus délicats.
La boîte 6 vitesses offrait un premier rapport plus court de façon à fournir une aide précieuse sur les parcours difficiles.
Il reste à évoquer la motorisation. En l’espèce, Dacia restait dans la simplicité en proposant un 4-cylindres 1.5 L dCi de 110 chevaux, un bloc bien connu puisqu’il équipait les modèles de la maison-mère Renault depuis plusieurs années. Disposant d’un couple très correct de 240 Nm à un régime de 1750 tours/min, les accélérations et reprises se montraient suffisantes sans être tonitruantes. Cette version quatre roues motrices modifiée augmentait logiquement le poids global de l’engin, ce qui avait forcément une influence sur les performances. En définitive, ce Duster « militarisé » était capable de réaliser l’exercice du 0 à 100 km/h en 12.5 secondes environ.
Un Duster intéressant mais pas sélectionné
Le cahier des charges initial était claire : le véhicule devait être en mesure de transporter 5 militaires ainsi qu’une tonne de marchandises. Même avec de sérieuses améliorations, le SUV roumain pouvait difficilement répondre au second critère. Le pick-up américain pouvait embarquer le tonnage voulu sans la moindre difficulté grâce à sa benne. Cette dernière pouvait également accueillir une mitrailleuse sur les versions armées, un atout dont ne pouvait profiter son concurrent.
Le Duster présentait un autre point faible qui lui a fait perdre la victoire : ses capacités tout-terrain. Si elles étaient dans l’ensemble plutôt bonnes, il était difficile de rivaliser avec un surdoué Ford Ranger conçu avant tout pour cet exercice.
Le moteur est-il également à l’origine de cet échec ? Ce n’est pas impossible. Les tout-terrains disposent généralement de blocs diesel généreux en cylindrée et donc très coupleux. Le 1.5 L Renault/Dacia paraissait trop léger face au gros diesel Ford doté de 2.2 Litres de cylindrée pour la version la moins puissante. La fiabilité a-t-elle également joué dans la décision ? Si le bloc français connaît à l’heure actuelle moins de problèmes, cela n’a pas toujours été le cas…
Au moins, le Duster présentait l’avantage d’être plus économique à l’achat, mais cet aspect low-cost n’a pas été suffisant…
La « revanche » roumaine
Si le Duster n’a pas convaincu les forces armées nationales, il est parvenu à se faire une place importante dans l’armée roumaine. Cela n’a rien d’étonnant puisque la marque Dacia est née en Roumanie et qu’elle fait figure de fierté nationale. Après avoir eu recours au premier modèle, le gouvernement a renouvelé la flotte très récemment avec des modèles de seconde génération, nés en 2018.

